Encre de Chine réalisée en vue d’illustrer mon histoire.J’avais oublié de vous présenter les beaux-parents, dans cette famille. Je vous mets un tout petit extrait… 🙂 Juste pour brouiller les pistes, un petit peu plus… Nous revenons dix ans en arrière, au début de l’histoire. Eugénie a empêché une jeune fille d’être lynchée par une foule en colère… La prochaine fois, vous ferez la connaissance des parents ( ou grands-parents)

Vous trouverez, ici, le lien de la campagne Ulule qui me permettra, si elle aboutit, de publier ce livre, entre autres choses.

Merci de le partager et de me permettre de le financer, si tant est que vous aimez mon écriture… 🙂

PS: l’encre de Chine présentée ici, tout en ayant été faite pour illustrer l’histoire, n’est pas représentative de cet extrait.

(…)

Bien entendu, les Cléru ont accueilli d’un mauvais œil « cette bouche inutile et que c’est une source d’ennuis, comme s’ils n’avaient pas autre chose à faire avec une bru toujours souffreteuse.

Alphonse a fait la sourde oreille, déclarant que s’il n’était pas là, leur domaine aurait bien du mal à rester ce qu’il est et que le temps est venu de laisser les rênes aux plus jeunes.

– Qui c’est qui t’a mis cette idée en tête ? avait rugi le père. Ta femme ? Ça m’étonnerait, du moment qu’elle reste couchée, celle-là, à s’inventer des maladies ! C’est l’autre, çui qu’est parti, hein ? Dis-toi bien une chose, mon gamin, tant qu’on aura un souffle de vie, on restera les Maîtres dans cette maison et personne pour nous dicter quoi faire !

– Qui parle de vous, Père ? Vous l’avez chassé et dit de plus jamais remettre les pieds ici et il a pas l’intention de le faire !

– Même pas, il parle de sa mère ? s’était enquis la Mère Cléru. Quel ingrat ! Oublier, comme ça, le sein qui l’a nourri…

– Et ton histoire de moribonde, ça va faire venir le curé parce que, t’fais pas d’illusions, elle va passer…

– Aïe aïe aïe ! Jésus Marie Joseph, s’était signé sa mère. Ça va nous amener le malheur dans la maison.

– Elle a raison, ta mère ! Et puis, on est pas là pour ramasser tous les chiens galeux qu’ta femme elle croise sur sa route, pour les rares fois où elle s’tient debout. T’as qu’à la mettre dans la soue. Si les cochons la mangent pas, c’est qu’elle a rien fait de vilain…

– Vous en faites pas, Père, vous en entendrez pas parler. Vous la verrez même pas. Elle ira dans la maison de lune. Eugène l’a donnée à Mathilde et Eugénie. Vous savez, la cabane à Baptistine, du temps où…

– Ça va, ça va, ça va, avait éructé le vieux, en s’étouffant de rage. Viens pas me parler de celle-là, la cause de tous nos malheurs. Fais ce que tu veux, après tout. Du moment que ça nous coûte pas un centime et qu’on vienne surtout pas nous enquiquiner avec ça !

Pendant tout ce temps, la petite Rose pesant de plus en plus lourd dans ses bras, Eugénie était restée effacée, les yeux baissés, debout derrière la chaise de sa belle-mère. Celle-ci, après avoir craché dans un bol émaillé placé sur un napperon, devant elle, s’était retournée vivement vers sa bru.

– Et vous, arrêtez de gesticuler comme ça, vous voyez pas que vous la tenez tout de travers, cette petite ! Allez, donnez-la-moi, qu’on en finisse et rendez-vous utile, voulez-vous. Videz moi c’crachoir et allez ramasser le linge sur la corde, avant que l’humidité le rende tout mou !

Alphonse, serrant les poings, s’était retenu de s’emporter contre sa mère.

– Mère, vous oubliez que vous parlez à ma femme… avait-il néanmoins souligné. Par-dessus le marché, c’est pas votre bonne et c’est pas la première fois que j’vous le dis. Vous avez assez de monde, comme ça, pour vous servir, vous croyez pas…

La vieille avait regardé son fils, les lèvres serrées. Ses yeux s’étaient écarquillés, sa gorge s’était gonflée et elle était partie dans une abominable quinte de toux. Eugénie s’était précipitée mais le vieux Cléru l’avait arrêtée d’un geste autoritaire.

– Toi, reste là. Tout ça, c’est de ta faute ! Regardez-moi ça comment il parle à sa mère, ce morveux qui s’croit déjà le patron. Dans quel état vous m’l’avez mise !

– Ca va lui passer, avait répliqué Alphonse, imperturbable. Ça lui passe toujours. Eugénie vient avec moi. On vous laisse Rose. Tâchez de bien vous en occuper…

– On s’en occupe toujours bien, nous ! avait lancé la vieille, retrouvant miraculeusement sa voix. Qu’est-ce tu crois ? Et se penchant vers la petite qui déjà, tendait les bras vers sa mère, une grimace naissante au coin des lèvres : Allez, viens, mon trésor, pleure pas, Mamie va te donner une belle poupée… (…)